Correspondances de poilus 1914-1918

Joseph AMIAUX

Joseph AMIAUX (1887-1962)

Joseph AMIAUX est né le 5 septembre 1887 à La Trinité-Porhoët (Morbihan) Il habitait la commune et exerçait la profession d’horloger. Il est revenu de la Grande Guerre et a repris son métier, il est décédé en 1962.

Il était incorporé dans la 46ème division de Chasseurs Alpins ce qui était très rare pour un breton. Il a notamment participé à la campagne d’Italie en 1917.

Principaux engagements de la 46 Division de Chasseurs Alpins

1914 – Début de la guerre

  • La 46ᵉ Division participe aux batailles de Lorraine (août 1914), dans les Vosges, notamment à la bataille de la Chipotte, où les chasseurs alpins affrontent les troupes allemandes dans les zones montagneuses et boisées.

1915 – Offensive en Artois

  • Elle est engagée dans la 2 bataille d’Artois, une offensive sanglante contre les lignes allemandes. Ses chasseurs alpins participent à l’assaut de pentes fortifiées, utilisant leurs compétences en escalade et infiltration.

1916 – Verdun

  • Des éléments de la 46ᵉ Division sont envoyés en renfort à Verdun, notamment sur la rive droite de la Meuse. Ils y tiennent des positions dans des conditions très dures, souvent dans des tranchées boueuses et sous le feu constant.

1917 – Chemin des Dames

  • La division participe à l’offensive du Chemin des Dames (avril 1917), dans un terrain difficile, parfois comparable aux zones alpines en termes de difficulté de progression. Joseph AMIAUX avait 20 ans lors de cette bataille.

1918 – Contre-offensives alliées

  • Elle est engagée dans les grandes contre-offensives de l’été et de l’automne 1918, notamment en Champagne et dans l’Argonne, poursuivant l’ennemi en retraite.

Joseph AMIAUX a vu son camarade Alphonse mourir devant lui. Choqué et terriblement peiné et malheureux, il a écrit à sa mère deux lettres, l’une rédigée une heure après le décès de son ami et l’autre le lendemain.

Le 25 octobre 1918.

Chère Maman,

Je suis toujours bien. Alphonse vient d’être tué il y a une heure. Pauvre camarade, il a eu la tête presque détachée. Je pleure encore comme un gosse. Il a été tué à 20 mètres de moi. Ses affaires vont être envoyées à la compagnie.

J’ai son stylo et son papier à lettre et deux ou trois lettres que j’enverrai à ses parents. Pour sa montre et son argent, je ne l’ai ai pas vus ; c’est le brancardier.

Il a été tué dans un champ, nous étions à creuser notre trou. Il est enterré où il a été tué mais je ne connais pas le nom du pays qui est à côté.

Je ne sais pas comment faire pour prévenir ses parents. Bons baisers à tous.

Joseph

Excuse mon écriture, j’ai écrit cette lettre avec son stylo. Je le remettrai chez lui quand nous serons au repos.

Le 26 octobre 1918.

Chère Maman,

Je t’ai écrit hier pour t’annoncer la mort de mon pauvre Alphonse. Je ne puis voir sa tombe sans que les larmes me viennent aux yeux. Il est enterré où il a été tué. Le village se nomme Le Blocus Vénérolles près de Wassigny (Aisne)

Ce matin j’ai fait un colis de ce qu’il y avait dans son sac, son rasoir, son béret, etc. Pour son argent, sa photo, sa montre ça a été remis au Capitaine. Le colis, je l’ai adressé à son oncle Eugène et qui en même temps préviendra la famille.

J’ai eu un cafard terrible surtout après des coups comme ça. Il a été tué nous étions à faire un trou pour nous mettre à l’abri.

Bons baisers à tous. Joseph.