Correspondances de poilus 1914-1918

🪖 Portraits

Désiré PAMBOUC

Désiré PAMBOUC est né à MAURON le 5 août 1893, il a été incorporé au 1er Régiment de Dragons. Durant toute la guerre il écrivit de nombreuses lettres à ses parents, on en dénombre plus de 300. Il est un des rares soldats revenus vivants des tranchées. Son régiment était mobilisé à Luçon et aux Sables d’Olonne.

Caserne des Dragons de Lure
Désiré PAMBOUC en uniforme de Dragon

Accès à tous ses courriers en cliquant 📜

Lettre du 8 janvier 1916

Je suis resté à Paris presqu’une une journée, j’avais un peu mal à la tête mais je me suis guéri. Je ne sais comment j’avais fait pour me souler tant que ça. Je ne sais comment vous m’avez quitté. J’ai arrivé le 4 au matin à Neufchâteau et resté toute la journée parce qu’ils sont partis à 11 heures.
L’on était plusieurs ensembles, l’on ne sait pas montrer de peur de monter à cheval et j’ai rejoins le
lendemain.
Je n’ai pas pu donner le colis à Pellan parce que je ne savais pas quel hôpital. Vous me direz si Eugène vous a écrit
Hier au soir, j’ai reçu deux lettres de Eugène que j’avais envoyer lorsqu’il était en permission et une de vous avec
une carte de vous.
Je ne vois plus rien à vous dire, je finis par vous embrasser de loin.
Votre fils qui pense à vous. J’oubliai de vous dire de souhaiter le bonjour à Hamon et à la femme de Garel et au voisin du Pont-Ruellan.
Votre fils Désiré Pambouc
1e Dragon, 3e escadron. Secteur 65

Lettre du 3 avril 1916

Le 3 avril 1916, Bien chers parents,

Je vous écrit deux mots, très heureux de recevoir de vos nouvelles, tant qu’à moi, je me porte
très bien et je désire de grand cœur que ma lettre vous trouve de même. Vous me dites que vous
trouvez le temps moins long lorsque vous recevez de mes nouvelles ; moi, je suis comme ça ; plus
j’en reçois, plus je suis content. Et puis on n’a que ça pour passer le temps.
Je vous avais dit que j’avais demandé à rester mais l’on a pas voulu de moi, enfin, j’espère ne
pas y aller bien longtemps maintenant.
Vous me demandez si je suis malheureux ; moi, je ne suis sans le savoir pas tant que vous et je ne
me fait pas tant de bile. Dans l’autre lettre que je vous avais envoyée, il y a quelques jours ;
je vous ai demandé un colis parce qu’on est bien content d’en avoir de temps en temps; mais faites
comme vous voulez.
Enfin, je finis en vous embrassant de bien loin, au plaisir de le faire de plus près.
Votre fils qui pense toujours à vous.

Lettre du 28 avril 1916

Le 28 Avril 1916, Bien chers parents,

Je vous écrit deux mots pour savoir votre état de santé; tant qu’à moi je vais très bien et je désire
que ma lettre à son arrivée vous trouve tous de même. J’espère qu’en ce moment ; il y a des permissionnaires par chez nous, si vous en connaissez, vous me le direz et j’espère que mon tour viendra avant peu de temps.
Depuis le 24, il fait un temps superbe et j’espère bien que cela va continuer un petit moment. J’espère bien que tous les voisins sont en bonne santé ; c’est ce que je leur souhaite. C’est ce qu’il faut parce que
l’ouvrage ne doit pas manquer. Si j’ai le bonheur d’aller vous voir, je ne pourrai m’empêcher de travailler
surtout s’il fait du beau temps. Enfin, c’est tout ce que je peux vous dire en ce moment. Si vous pouvez
m’envoyer quelques sous, vous le ferez. Je vous en remercie à l’avance.
Votre cher dévoué fils qui pense à vous.

Lettre du 5 mai 1916

Le 5 mai 1916, Bien chers parents,

Je suis un peu en retard à vous écrire mais ce n’est pas de ma faute parce que je me suis blessé au doigt alors, je ne pouvais pas écrire, ce n’est rien mais c’est le chiffon qui me gênait.
Pour les tranchées, elle sont supprimées pour nous un moment.
Je pense, j’espère que vous avez reçu ma lettre que je vous ai envoyée le 28 ou 29 Avril ;
je vous demandai quelques sous parce que l’on avait amusé le four de Pâques et puis la prière n’a pas duré longtemps. Et puis il fait chaud en ce moment, l’eau n’est pas très bonne, elle a le goût de purin.
Je n’ai jamais vu de pays pareil, des tas de fumier presque dans les maisons. Il monte sur la première marche.
C’est tout ce que je vois à vous raconter ; je finis en vous embrassant de loin.
Votre cher dévoué fils qui pense toujours à vous.
Chers parents, j’ai reçu vos deux lettres qui m’ont fait plaisir et les cinq francs qu’il y avait dedans.
Pour les permissions, je ne compte pas y aller avant le mois de Juin et encore à la fin ou bien, il faudra
qu’il en part plus qu’en ce moment.
Je vous mets un petit souvenir dans votre lettre; je vous dirai plus tard d’où ça vient. Je le fais en
pensant toujours à vous.

Désiré Pambouc
Vous souhaiterez le bonjour à tous les voisins de ma part ; à Eugène Hamon et Mathurin Salmon le cordonnier, en particulier.

Lettre du 12 décembre 1916

Jeudi 12 Décembre 1916. Chers parents,

Je vous écrit deux mots pour vous donner de mes nouvelles qui sont très bonnes pour le moment et je
pense que vous êtes de même et pour vous demander si votre petite santé roule toujours comme à
l’habitude ; je pense que oui. Je vas vous dire qu’on est parti de Zegers Cappel le 5 au matin, l’on
a marché toute la journée, l’on a passé par Saint-Omer et on a couché à Erques, je n’ai jamais eu si
froid que ce jour là ; il a tombé de la neige fondue toute la journée, l’on avait les pieds gelés,
l’on est reparti le matin du 6; l’on a été jusqu’à Piermont. L’on est resté le 7 et le 8 au soir.
L’on est parti à Guinecourt, l’on a resté les 9, 10, 11 et le 12. L’on est reparti à 2 kilomètres de
Guinecourt, voilà un mois que l’on est au repos, l’on est à 8 kilomètres de Saint Pol dans le Pas
de Calais. Je vous dirai aussi que si vous pourriez m’envoyer quelques sous je serai content
parce que l’on a été un moment l’on touchait de la viande d’Amérique, l’on ne pouvait pas la
manger, l’on a été obligé d’acheter ce que l’on trouvait. Je vous dirai que Pellan est toujours
en bonne santé parce qu’il a une bande de cons qui avaient dit à son père qu’il était à
Dunkerque à l’hôpital ; c’est des menteries; il n’est pas plus malade que moi. Ce que je ne suis
pas content avec vous ; c’est que vous m’avez pas dit que Louis Chamin est mort et son frère
Désiré. Que Léon Godreuil était blessé et Eugène était prisonnier et Joseph Chevalier, Henri Eon
et bien d’autres que vous ne me dites pas qui sont tués.
Je ne connais plus rien à vous dire pour le moment.
Je finis en vous souhaitant le bonjour; si vous vous décidiez à m’envoyer quelques choses; vous
n’avez qu’à m’envoyer des chaussettes mais pas d’autres effets, j’en ai bien assez; j’ai deux
gilets de laine. Votre fils qui vous aime et qui pense à vous.

Lettre du 3 janvier 1917

Le 3 janvier 1917, Bien chers parents,

je vous écris aussitôt que j’ai été rentré à destination. J’ai passé un bon voyage.
J’espère que vous êtes en bonne santé et je désire que ma lettre vous trouve de même ;
pour moi, c’est de même, j’ai un peu la flegme aussitôt que j’ai été rentré, j’ai été
voir les boches, j’ai été aller chercher du bois avec eux dans la boue jusqu’aux genoux mais j’espère que dans peu de temps que je va être malade, c’est ce que je souhaite.
Je suis très content avec mon oncle parce qu’il est venu avec moi jusqu’à la gare et il
m’a payé à boire tant que j’ai voulu sans pouvoir en payer un ; j’ai bu un petit coup.
Je vous écrirai ces jours-ci.
Votre fils qui pense à vous.

Lettre du 21 mars 1917

Le 21 mars 1917

Chers parents, Deux mots ; très content d’avoir reçu votre lettre ; je suis en bonne santé et je désire que vous soyez de même. Je peux vous dire que ma permission est retardée un peu à cause du changement d’endroit.
Aujourd’hui, il a fait un sale temps ; il ne faisait pas chaud ; nous sommes arrivés ce midi ; les civils
ont l’air très gentils. Au repos, mais je ne sais pas pour combien de temps. J’ai reçu une lettre de
Célestine il y a quelques jours. Je vous écris à la lumière ; je suis en retard à vous écrire parce que
j’étais sur le … pour m’occuper de l’officier et des quatre chevaux alors, j’avais du travail du
matin au soir et comme j’étais un peu fatigué et peu courageux ; j’allais me coucher. Je ne vois plus
rien à vous raconter pour aujourd’hui. Je vais en parler demain à l’officier pour ma permission ;
bien le bonjour à tonton Adrien ainsi qu’à ma cousine Célestine.
Votre fils qui pense à vous.

Lettre du 25 août 1917

Deux mots pour vous donnez l’état de ma santé qui est bonne et je désire que vous soyez de même ;
j’ai quitté Jouet ce matin pour aller en avant mais je pense que l’on sera assez près de la quille
à part qu’il y aura de l’ouvrage à faire et un sale métier dégouttant. Je va vous dire que j’ai vu
mon cousin ; je lui ai dit que j’avais reçu les lettres qu’il m’a gardées. Il a été major et il est parti
comme un fainéant qu’il est pour moi. La dernière fois, je lui ai dit que c’était pour la vie, que
c’était pour moi un dégouttant et ce n’est pas la peine d’en parler ; je vous le dit seulement à vous.
Je pense que vous avez reçu ma photo que je vous ai envoyée. J’en ai une autre à vous envoyer quand
j’aurai votre réponse. Je suis une huitaine de jours sans chevaux. Je ne vois plus rien à vous dire
pour le moment.
Vous souhaiterez le bonjour chez Mathurin Salmon pour moi ainsi qu’à Eugène Hamon et Désiré Guillotin
Votre fils qui pense bien à vous.

Désiré Pambouc, secteur 49.