Correspondances de poilus 1914-1918

🪖 Portraits

François RAMEL

François Marie Joseph RAMEL est né le 15 novembre 1888 à Guilliers (Morbihan) et est décédé le 26 novembre 1916 à Vaux (Meuse)

Il était incorporé au 118ème Régiment d’Infanterie.

Tombe de François Ramel

Ce jour-là, le Petit Journal publie les paroles d’une nouvelle chanson du célèbre Théodore Botrel, sur l’air de “À Batignolles” du non moins célèbre Aristide Bruant : “Dans la tranchée”. “Il va au feu”, annonce Jean Richepin en parlant de la fausse information sur Guillaume II. Situation militaire : l’effort allemand continue, infructueux. Un portrait et un repas du général Joffre. Les Allemagnes après la guerre. Le lieutenant aviateur Paulhan a abattu un avion ennemi. Choses de guerre : le franchissement de l’Yser. Photo de cavaliers australiens. Un vaillant petit artilleur. 2000 allemands tués en attaquant une position anglaise. Le Petit Journal republié sur quatre pages, au lieu de deux depuis le début de la guerre.

La stabilisation du front – la « Course à la mer »


Repoussée des bords de la Marne en assez grand désordre et fortement démoralisée, la vague allemande refluait vers les collines de l’Aisne dès le 11 septembre au soir. Derrière elle, nos 1ère et 2ème armées se réinstallaient en Lorraine. Mais Joffre savait bien que l’ennemi allait tenter de se cramponner à la forteresse naturelle qui, de la trouée de l’Oise à la trouée de l’Aisne, couvre la très redoutable position de Laon.

Le 13, Von Klück repasse l’Aisne, de Compiègne à Berry au Bac. Avec infiniment de clairvoyance, les vaincus de la Marne utilisent tous les accidents de ce terrain éminemment propice à la défensive, ces falaises abruptes, creusées, où ils se retranchent avec une rapidité extraordinaire. La fatigue de
notre cavalerie, l’épuisement de nos stocks de munitions, le manque d’artillerie lourde nous empêchent d’organiser contre eux des attaques décisives et de les forcer à poursuivre leur retraite vers la Meuse. Cette ténacité allemande dans le massif de l’Aisne va changer, presque du jour au lendemain, la
physionomie de la lutte, en prolonger la durée au delà de toutes prévisions et l’amener à des conditions sans précédent dans le passé. Au Quartier Général ennemi, de Moltke a repris d’autant plus d’assurance qu’il attend le très prochain renfort de l’armée von Heeringen, retirée depuis 8 jours de Lorraine.
Au lieu de chercher à forcer de front cette résistance, Joffre va essayer de la déborder par l’ouest. En élargissant son action vers Ham et Saint Quentin, il espère, par un rabattement consécutif, envelopper la droite allemande. Ce sera le début de ces tentatives alternatives d’enveloppement dénommées par la
suite comme la « course à la mer ».
L’état-major allemand conscient de la tentative de Joffre, tente la même chose et c’est l’escalade, chaque camp essaie de déborder l’adversaire par le Nord-Ouest . Les 5ème et 6ème Armées françaises et les Ière et IIème Armées allemandes fixées de part et d’autre, il est nécessaire de former de nouvelles unités.
Du côté allemand 18 corps d’armée et 4 corps de cavalerie constituent 3 armées, la IIème, VIème et IVème et un détachement d’armée. Du côté allié, 3 armées affluent vers ce nouveau théâtre la 2ème, 10ème et 8ème avec le BEF et ce qu’il reste de l’armée belge qui, après trois contre-attaques sorties d’Anvers, s’est repliée sur une ligne Nieuport-Dixmude.

La première phase (25 septembre-4 octobre)
L’intervalle entre l’Oise et la mer du Nord est essentiellement tenu par des territoriaux français et quelques éléments de cavalerie. La 2ème Armée du général de Castelnau localisée en Lorraine est alors retirée, renforcée avec le 20ème corps d’armée et envoyée au Nord de l’Oise grâce notamment à une manœuvre de rocade essentiellement fondée sur le réseau ferré. De même, les Allemands ont ramené la VIIIème armée de Heeringen d’Alsace. Du 25 septembre au 4 octobre, les ailes montent en puissance et s’étendent progressivement vers le Nord grâce à l’apport de nouvelles troupes qui se font face mutuellement au fur et à mesure de leur arrivée. Lorsque la 2ème Armée atteint la Somme, elle s’étire dangereusement. Le commandant en chef envoie le général Maud’huy pour constituer la 10ème Armée au Nord de la Somme.

La deuxième phase (4-15 octobre)
Lorsque la 10ème Armée française atteint l’Ancre, le 4 octobre, les Belges sont en grande difficulté, après avoir combattu devant Liège puis en battant les Allemands sur la Gette, à Halen, puis en tenant Anvers et sa région pendant un mois. Menaçant les arrières de l’armée allemande, ils remplissent leur rôle d’avant-garde générale des franco-anglais. Dans les conceptions de l’époque, une avant-garde générale est destinée à distraire des troupes ennemies du théâtre d’opérations principal. L’armée belge, repliée dans la vaste place forte d’Anvers d’où elle lance 3 sorties, continue à remplir pleinement ce rôle en
retenant 150 000 allemands, les empêchant ainsi de prendre part à la bataille de la Marne. À part le passage éclair à Anvers du Lord de l’Amirauté Winston Churchill, les Belges ne reçoivent d’aide que de 3 000 soldats anglais et de quelques canons de marine à longue portée qu’ils installent sur des wagons plats pour pouvoir les déplacer au gré des besoins.
À la fin de septembre, après des combats qui durent depuis la fin du mois d’août, le gouvernement belge et le roi Albert 1er, présents à Anvers, décident le repli de l’armée pour éviter à celle-ci d’être coupée des alliés franco-anglais et pour se réunir avec eux. Le 9 octobre, la place est abandonnée sans reddition
sous la couverture des forts de la rive gauche. L’armée belge réussit alors un mouvement de rocade par le nord ouest aidée par la 7ème D.I. et 4ème D.C. britannique débarquées à Zeebruge et Ostende et rejoint sur les positions côtières 6 000 fusiliers marins français de l’Amiral Ronarc’h. Finalement positionnée dans la région d’Ostende-Nieuport-Dixmude, l’armée belge a réussi son regroupement avec les franco-anglais en vue de la grande bataille que tout laisse prévoir.
Par ailleurs, pour améliorer la cohésion de son armée avec l’armée française, le général French demande au général Joffre de faire transporter les troupes britanniques dans la région de Lille. Les 2ème et 3ème corps d’armée britannique précédemment inclus dans le dispositif français sur l’Aisne sont donc
déployés respectivement dans la région de la Bassée et dans la région de Hazebrouck. Le BEF occupe donc le secteur qui sera le sien pour le restant de la guerre, à la droite de l’armée belge. Pour gérer cet ensemble multinational français, britannique et belge, le général en chef Joffre délègue le général Foch
auquel il donne le commandement des 2e et 10e Armées.

La troisième phase (15 octobre – fin octobre)

Au 13 octobre et du Nord au Sud, le dispositif assez disparate. L’ensemble des troupes françaises chargé de rétablir la liaison entre les Belges au Nord et les Britanniques au Sud, appelé à l’origine détachement d’armée de Belgique, prend le nom de 8ème Armée, sous le commandement du Général d’Urbal. Le 15 octobre, le général Joffre souhaite reprendre l’offensive en direction du moyen-Escaut. Les troupes alliées parviennent jusqu’à Ypres sans pouvoir dépasser la ville. De leur côté, les Allemands qui ont suivi et répondu à la montée en puissance des Alliés choisissent pour direction stratégique Calais, afin de couper l’armée britannique de son lien le plus direct avec l’Angleterre. Arrivés les premiers, ils prennent l’initiative.

À cet effet ils lancent une offensive sur deux axes : · > vers le Nord, la 4ème Armée, retirée du front de Champagne, vise à repousser l’armée belge au-delà de l’Yser. · > vers l’Est, la 6ème Armée retirée de Lorraine qui comprend 10 divisions, vise à disjoindre les Français et les Anglais dans la région d’Arras.