Correspondances de poilus 1914-1918

D.P. Lettre du 18 septembre 1915

18/09/1915

Bien chers parents,

Je vous écris deux mots pour vous remercier de vos 10 francs que vous m’avez envoyé. Je suis toujours en bonne santé et je désire de grand cœur que ma lettre vous trouve de même. Vous me dites que le battoir de blé noir a recommencé mais ce ne va pas durer longtemps. je pense que vous êtes bien avancés pour le peu de monde que vous êtes. Il a fallu travailler comme des pauvres malheureux pendant que nous autres, l’on est à rien foutre. Vous me dites que vous étiez à un souper chez Ange Guillotin et il a promis de donner 20 francs pour moi. S’il me les envoie, il n’y perdra pas encore parce que si j’ai une permission courte ou longue; je ne pense pas rester à rien faire ou si j’en ai pas , ce sera après la guerre; la récompense sera toujours là. Je reconnais toujours et je reconnaitrai ceux qui m’ont rendu service. Vous avez des poulets et deux lapins que vous gardez quand je serai en permission; ne les gardez pas exprès pour moi parce qu’on ne sait pas quand on en aura une et puis je suis habitué à manger ce que je trouve. Vous me dites que vous avez reçu des nouvelles de Eugène; moi aussi j’en ai reçu et il a de la veine de n’avoir que ça; pourtant, il en a assez depuis le dos de sa capote jusqu’en bas; il n’y a plus que des chiffres. Je ne vois plus rien à vous dira pour le moment. Je finis en vous embrassant de bien loin. Votre fils qui vous aime et qui vous serra la main à tous et qui pense aller vous voir au plus vite. L’on m’a dit que Ernest Costard a été en permission de 6 jours. Au revoir chers parents.
Désiré Pambouc