Date : 11 Novembre 1914 – Expéditeur : Eugène Bonnet – Destinataire : Marie Bonnet
Lieu: Minden (Allemagne-Westphalie)
Minden, Le 11 Novembre 1914
Ma chère petite femme,
Je fais réponse à ta carte du 30 Octobre que j’ai reçu hier soir. La joie et le soulagement qu’elle m’a causé, je ne puis te le dire, tu dois le deviner, tant à l’argent et au colis que tu m’annonces.
J’ai eu de vos nouvelles, elles sont bonnes, c’est tout que j’attendais, me voilà consolé.
Ma chère femme,
Tu me dis que tu m’envoies un tricot, j’en avais déjà acheté un car l’hiver commence en Westphalie, mais vaut mieux deux que de ne rien avoir, surtout par les nuits comme cette dernière, il faisait une tempête à tout rompre.
Ma petite Marie,
Ma santé continue à être bonne, je n’ai pas été une heure malade depuis le début de la campagne et tout ce que je désire c’est que vous soyez de même.
J’envoie à ma petite Valentine une belle carte illustrée qui lui fera plaisir si elle n’est pas gardée.
Chère femme,
Je serai curieux de savoir si tu as reçu les lettres que j’ai écrites de Compiègne, de Jeumont, de Vannes.
Pour moi, ma chérie, je ne puis rien te dire de la captivité mais je voudrais bien savoir comment tu as fait pour te tirer d’affaire et qui t’a aidé dans tes besoins, si tu as fait ta récolte de pommes de terre et qui t’envoie ton tabac, maintenant la régie doit te laisser bien tranquille.
Tu répondras à cette carte par une longue lettre avec beaucoup de détails et tu peux la compléter. On les ouvre ici avant de nous les donner.
Donne-moi des nouvelles d’Henri de Saillard et souhaite le bonjour à tous ceux qui demande de mes nouvelles; je ne puis écrire à tout le monde, je n’ai droit qu’à deux correspondances par mois et elles sont réservées pour toi ma chérie.
Souhaite bien le bonjour à nos voisins, Mr et Mme Louis et Mme Saillard, n’oublie pas de me donner des détails.
Au revoir ma chérie. Béni soit le jour où l’on puisse s’embrasser.
Ton mari,
Eugène