Date : 21 Novembre 1914 – Expéditeur : Eugène Bonnet – Destinataire : Marie et Valentine Bonnet
Lieu : Allemagne-Westphalie
Ma chère femme et fille,
Hier j’ai reçu tes cartes avec celle de Valentine datée du même jour, c’est vous dire que jusqu’ici j’ai reçu toutes les cartes qui m’ont été adressées de Saint-Brieuc. J’ai répondu à toutes celles du mois de Novembre.
Ma chère femme, sous le rapport de la correspondance je suis le privilégié de ma compagnie, j’ai reçu 11 lettres, une d’Henri de Vannes, toutes ne sont pas de la famille.
Ma chère Marie, j’ai reçu une de tes colis, je te remercie infiniment, celui où est le tricot je ne l’ai pas encore reçu, je ne sais pas s’il viendra. Ne m’envoie plus rien. J’ai ce qu’il me faut à moins d’une paire de chaussettes, plus tard, mais je te le dirais et si tu m’as envoyé deux mandats de dix francs ne n’en envoie pas d’autres, cela suffit.
Ma chère femme d’après les lettres venant de Bretagne, il paraitrait que la vie est bon marché chez nous. Tu pourrais en profiter pour faire de petites salaisons si tu le juges à propos et quelques bons bouts de saucisse car je vous recommande mes chères petites, ne vous privez de rien et faites bonne chair.
Ma santé est toujours bonne et je souhaite que la votre fut de même.
Et toi ma petite Valentine dont je connais tout le bon cœur, ne laisses pas les poires pourrir, il faut les manger bonnes. Tu m’en garderas des mûres.
Je ne vois pas l’utilité de mettre des timbres sur tes lettres.
Au revoir mes deux chéries, à l’instant je viens de recevoir 2 cartes du 5 Novembre.
Merci.