Correspondances de poilus 1914-1918

✉️ Courriers 1915

Carte du 03 janvier 1915

Date : 03 Janvier 1915Expéditeur : Eugène BonnetDestinataire : Mme Marie Bonnet

Lieu : Minden (Allemagne—Westphalie)

Le 3 Janvier 1915,

Ma chère femme, je fais réponse aux cartes des dates qui suivent : Le 29 décembre j’ai reçu une de tes cartes du 24 novembre dans laquelle tu m’envoyais les bonjour des fumeurs de carottes et me demandant si j’avais encore ma commission de receveur. Oui, toujours avec moi, et le 31 j’ai reçu le petit gilet de laine auquel j’avais fait mon deuil. Il a mis deux mois à venir et le même jour j’ai reçu une tablette de chocolat, je t’en remercie, cela m’a permis d’en savourer une dose avec mon pain en ce triste jour de l’année qui s’est passé si loin de vous, je n’ai cessé de penser et de former pour vous des vœux de bonheur en ce jour.

Ma chère Marie si tu me prévoit encore pour longtemps en Allemagne, je serais obligé de me déjuger de ce que je t’avais dit précédemment  que je n’avais besoin de rien, je regrette pourtant bien de te déranger, comme linge et vêtements. J’ai tout ce qu’il faut mais si tu pouvais m’expédier un gros colis d’alimentation ça me rendrait bien service, on a droit à 5 kilos franco. Tu confiras ça à Madame Louis, elle saura y mettre ce qui se conserve, et retenez bien que je suis encore moins difficile que jamais, tu y joindras 1/2 kilo de beurre bien salé, 3 paquets de 50 et 3 ou 4 papiers à cigarette et si le poids n’est  pas complet le reste du barat, si tu veux.. Tu m’enverras encore 10, je dois toucher ton deuxième mandat un de ces jours, on ne me le paye ordinairement qu’un mois après leurs dates, ma chère Marie, je ne vois plus rien à te dire.

Je suis toujours en bonne santé et mon plus grand plaisir est que vous soyez de même. J’ai reçu les bons souhaits de ces dames, Mme Louis et Mr Delmotte me prie de lui dire qu’il lui est très sensible et renvoie mes amitiés, bien le bonjour à tous ces braves gens, à Mme Saillard et son mari et Besson.

Ma chère femme, je vois d’ici ton esclavage et je te plains, il y a des mois que tu n’as pas fait une sortie, que je voudrais bien être là pour te donner quelques loisirs mais prend courage.

Au revoir ma chère Marie, ton mari qui t’aime et pense à toi, toi ma petite Valentine continue à obéir à maman et à bien travailler en classe, si tu es de taille au certificat, je t’enverrais une nouvelle carte.

B. Eugène  

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