Date: 8 Septembre 1915 – Expéditeur: Eugène Bonnet – Destinataire: Mme Gervais née Foulon
Lieu: Minden (Allemagne—Westphalie)
Chère Mère,
Nos correspondances limitées ne me permettent de vous écrire de nouveau mais soyez certaine que je ne vous oublie pas, et que jamais me viendra l’idée de me soustraire au respect que je vous devais en souvenir de celle que j’ai tant aimé.
Les 6 mois déjà qui me séparent du jour le plus cruel de ma vie ne me laissent encore aucune lueur d’espérance et je ne puis retenir mes larmes en pensant au jour encore lointain où je pourrais revoir la maison et l’endroit où je l’ai embrassée pour la dernière fois.
Je n’ose plus pleurer le jour et me plaindre à personne craignant de passer ridicule, mais mes nuits sont vouées à mon chagrin, je me repose sur votre tendre affection auprès de ma Valentine, reste de ma famille.
Eugène