27.11.1915 – Eugène Pambouc à sa famille.
Neufchâteau, Jeudi 27 novembre 1915
Chers parents,
Après plus de trente heures de train ma voilà arrivé à Neufchâteau, longtemps avant de la voir, je voyais la terre blanche… Il y a de la neige par ici. Je changeai de train à Laval puis à landerneau à 10 heures du matin à Achères et en route pour Paris et puis pour la gare de l’est et une heure de route, train plus que comble. On ne sait où s’asseoir, on arrive à Gondrecourt ce matin à deux heures moins le quart, à neuf heures à Neufchâteau.
J’ai demandé et j’ai trouvé notre Dragon, il n’a point trop maigri ! Il ne s’en fait point ! J’ai bu un coup avec lui et avec Pellan qui lui aussi était là. J’ai goûté des fayots de Dragons et du beurre d’un camarade de Désiré. Ils s’aiment comme on s’aime entre fantassins. J’ai vu le cheval de Désiré, un joli bidet à robe rouge. Il paraît que le travail ne les tue pas à Neufchâteau, Désiré m’a dit qu’ils n’en foutent pas un coup. J’ai été un peu en peine comment le dénicher, mais quand on a une langue quand l’adjudant à dit demander le Dragon Pambouc, Désiré a été un peu surpris de me voir ! Il pensait à moi mais il ne comptait pas me voir aussi près de lui ! Il était bien heureux, moi aussi, nous nous sommes embrassés d’un grand cœur, comme des frères, c’est le cas de le dire !
Nous nous sommes serré la main en nous promettant de nous retrouver ce soir, c’était midi et demi, à une heure nous sommes tous partis et à trois heures nous étions près de Dainville où je finis cette lettre en attendant qu’on nous habille : C’est déjà commencé et demain matin on se met en route. Heureux les bien-portants ! Que j’ai eu froid et mal dans le train ! Et combien il fait froid ! Un vent vif et de la neige partout !
Vous voyez comme il ne faut s’attendre à rien. Je crois que la visite qu’on va passer sera celle des tranchées. Je le redis, heureux ceux qui se portent bien ! Il y en a plusieurs dans mon cas ! Je pense que dieu m’aidera et me protégera ! Ne pleurez pas ! Priez pour moi et pour nous tous et attendez notre retour, aidés dans cette attente par une forte espérance.
Désiré ne s’en fait pas du tout, soyez sûrs ! Il va aller vous voir sous peu ! Je ne sais pas quoi vous dire.
Bien le bonjour et aussi à tout le pont, Ruelland, Mr Dalot, à Émilie Gicquiaux ! à cher tonton.
Je vous embrasse !
Pambouc Eugène, je souhaite bien le bonjour à Chevalier, le boulanger, celui que j’ai rencontré comme je partais.