14.06.1915 – Eugène Pambouc à sa famille.
Chers Parents,
Me voici de retour à mon cantonnement. Je viens d’arriver à 8 heures ce matin, donc depuis 5 heures hier au soir j’ai fait la halte et j’ai été dans le train. J’y ai assez bien dormi, allongé sur les coussins du banc, avec ma capote comme oreiller.
En passant à Landerneau, j’ai vu un train de blessés auxquels on a offert des fleurs, délicate pensée envers les défenseurs de la Patrie.
Je ne saurais être signalé manquant, je ne puis courir plus vite que le train. Je suis bien loin de vous aujourd’hui et j’en étais si près hier. Mais courage et espoir ! J’entends dire que nous ne partons pas encore. Mon cousin est venu pour me trouver hier, il m’a laissé des photographies où nous sommes tous les deux. Il croit bientôt quitter Saint Renan. Un nouveau caporal nous vient d’arriver de la 26ème.
Ne vous faites pas trop de chagrin, ni ne vous faites pas trop de mal au travail. Françoise doit comprendre qu’elle doit vous aider de toutes ses forces.
Je croyais ne point pouvoir vous revoir et vous voyez que nous avons pu encore nous embrasser ! J’espère qu’un jour encore je vous reverrai avec tous les amis, auxquels je vous prie de dire bonjour de ma part.
C’est Odic du côté de Concoret qui m’a remis les photos et ramassé mon linge mouillé.
Je vous aime ! Ne pleurez pas ! Restez vaillants ! Riez pour les soldats.
La 2ème et la 1ère compagnie du Parc partaient samedi soir dont le gars du meunier, Morice et Sohier de Brignac sont loin.
Au revoir.
Pambouc Eugène à Brest 2ème colonial – 21ème compagnie