02.06.1915 – Eugène Pambouc à sa famille.
Brest, le 2 juin 1915
Chers parents,
Je viens de recevoir votre lettre du 30 où vous parlez de nouvelles gaies et tristes hélas ! Pauvre Eugène Gaspais ! Encore un ami de perdu ! Elle fauche, elle en glane des épis, la Mort. Je serai beaucoup étonné de savoir Françoise facteur ! Il faut s’attendre à tout à présent. Je n’ai pas besoin d’argent, j’ai gagné un peu en rendant service aux plus fortunés que moi.
Tant mieux qu’Eugène Guillotin pense à mon frère ! Vous faites bien de lui envoyer quelques sous.
Ma cousine Rosalie Hervé ne m’a point répondu. Je lui ai envoyé pourtant mon dernier portrait. Si j’avais su que chez Ange Guillotin eussent été contents tant que cela d’avoir mon portrait, je le leur envoyé. Donné leur en un si vous voulez mais aujourd’hui toute l’escouade s’est faite tirée en tenue de campagne, baïonnette au canon. J’en prendrai quelques cartes que je vous enverrai.
Ce n’est pas facile d’être reconnu malade ici, pas plus que d’entrer dans un bureau. Je suis bien heureux d’être en casernement rêvé. Je suis bien mieux qu’au Parc, comme couchage et bouffe, je puis partir d’un moment à l’autre.
Je suis au Petit Jardin, 21ème compagnie, 2ème colonial à Brest avec tous les copains. Sohier est resté au Parc. Aujourd’hui j’ai reçu une lettre de chez Languille.
Priez pour les soldats et vive la France, ne pleurez point, je vous en prie !
Servez comme il faut la Patrie. Je vous embrasse. Votre fils Eugène Pambouc à Brest.