

Saint-Malo (Ille et Vilaine), le 21 février 1916. Mon cher Joseph,
Je suis très heureux de savoir ton adresse comme cela nous pourrons correspondre. Nous sommes finis d’être vaccinés. Je n’ai souffert que la 1ère fois. Nous sommes bien nourris, nous n’avons pas encore fait de marches mais ça ne va pas tarder.
C’est demain que nous allons au tir, il y a une huitaine de jours que nous avons touchés le flingot tout neuf.
À Saint-Malo il fait une température tout à fait douce, c’est beau, surtout la mer qui monte et qui descend. C’est curieux on ne voit que des bateaux, Saint-Servan est à deux pas de Saint-Malo. De la caserne, nous ne sommes pas plus loin à y aller. Dinard est tout proche aussi, pour 3 sous on y va par le bateau. Nous rendons souvent visite à Paramé qui se trouve à environ 3 km de Saint-Malo. Cousin m’écrit souvent mais ce n’est pas ce qu’il avait rêvé, il prétend que c’est dur.
Aujourd’hui j’ai été pesé, je ne maigris pas à la caserne. Beaucoup ont attrapé des morpions avec les connaissances, ça passe le plaisir.
Dans ma chambre presque tous parlent breton, les premiers temps ça m’ennuyait mais ce sont de bons types.
Reçois mon cher Joseph mon meilleur souvenir, Eugène