Correspondances de poilus 1914-1918

D.P. Lettre du 25 juin 1915

Désiré à ses parents
à Mauron
25/06/1915


Chers parents,

Je vous écris deux mots pour vous donner de mes nouvelles qui sont très bonnes en ce moment et je pense que ma lettre vous trouve ainsi qu'elle me quitte. Vous me dites que vous avez vu tonton Adrien dimanche à manger; que vous avez tué un coq. Vous avez bien fait. Nous aussi l'on mange de temps en temps de la poule que l'on réquisitionne où l'on passe et du cidre quand il y en a dans les caves. On fait une descente la nuit; l'on fait comme l'on prend. vous me dites que Eugène était en permission voilà huit jours. Il devait être content et vous aussi de vous revoir; mais il n'a pas été longtemps; mais il a encore plus de permissions que moi. Vous me demandez si j'ai reçu les cinq francs que ma cousine m'a envoyé; non, je n'ai rien reçu ou même pas une lettre. Vous me dites que Auguste Posnic est mort ainsi que Morfoisse. Vous me dites qu'il y a des pommes cette année. Par la Somme, il n'en manque pas aussi. Vous me dites que tonton Blot et Léon Godreuil est en permission. Il m'a dit qu'il m'aurait écrit mais je n'ai pas vu de lettre. Vous lui souhaiterez le bonjour ainsi qu'aux autres camarades. Vous me dites qu'il n'y a pas moyen de m'envoyer des colis; s'il y a toujours moyen; tous les jours il en arrive des masses. Je va vous dire que je suis proposé pour être brigadier mais il faut le dire à personne auparavent que je serai nommé. Je suis sûr, le capitaine me l'a dit. Votre fils qui vous aime et qui pense à vous. Si vous pouvez m'envoyer quelques sous pour les arroser pour payer un coup à boire à mon escouade. Envoyez les le plus vite parce que je pense passer avant longtemps. Je me rappelle ce que m'avait dit papa. Il m'avait dit " Fais comme moi, passe 1ere classe si tu peux où mieux " Je le fais; c'est signe que je suis un bon soldat. Pelhan a été épaté quand je lui ai dit ça.
Désiré Pambouc