
Le 24 décembre 1914
Chers parents,
Je vous écris deux mots pour vous donner de mes nouvelles qui sont très bonnes pour le moment et je pense qu’il en est de même pour vous et pour vous demandé si vous êtes fâchés avec moi ou si vous n’avez pas reçu ma lettre que je vous ai envoyé il y a longtemps, presque un mois. J’en ai envoyé deux à Eugène; je pense qu’il a dû en recevoir et à ma marraine du rox. Je ne sais pas si elle va me répondre parce que je l’avais oubliée; pour moi, je me porte très bien et je pense que vous êtes de même. Je pense que papa ne souffre pas trop de sa jambe et que maman n’a pas trop mal aux yeux et que Eugène travaille et que Françoise travaille toujours pour nous, on fait toujours le même métier ; l’on promène les chevaux tous les jours et l’on fait un peu de classe dans les tranchées et voilà quinze jours que l’on se repose mais je ne sais pas jusqu’à quand. Je vous dirai que les 8 premiers jours que l’on est arrivé, il faisait froid; mais maintenant il ne fait pas trop froid. J’ai deux gilets, un cache-nez, des gants que j’ai touché. Vous me dites que Joseph Salmon a été en permission; il a de la chance; Désiré Piederrière est en Belgique, peut-être que je pourrai le voir mais je ne sais pas. Vous me dites que Eon et Bouet sont fait prisonniers. Vous ne me parlez pas de Constant Pambouc, celui qui a fait la chapelle du pont Ruellan; il est lui aussi et bien d’autres, Joseph Chevalier. Je finis parce que j’ai la flemme; l’on va se coucher bientôt; ne vous faites pas de bile, je ne m’en fais pas moi. Portez vous bien et ça pourra aller. Au revoir à la prochaine causerie.