Correspondances de poilus 1914-1918

🪖 Portraits

Eugène SIMON

Eugène Marie SIMON est né le 13 décembre 1882 à Loyat (Morbihan) et est décédé le 29 octobre 1917 à Malmaison (Aisne)

Il était incorporé à la 11ème Section d’Infirmiers Militaires.

Eugène Marie SIMON est né le 13 décembre 1882 à Loyat (Morbihan) et est décédé le 29 octobre 1917 à Malmaison (Aisne) Vicaire à Ménéac. Il figure également sur le Monuments aux Morts de LOYAT. Fils de Pierre Marie SIMON et Mathurine Marie LEBOIS. Célibataire. Ecclésiastique.

Nécrologie : « Livre d’Or du Petit Séminaire de Ploërmel », Vannes, Lafolye, 1920.

L’Abbé Eugène SIMON, vicaire à Ménéac.

L’abbé Eugène-Marie Simon était né à Loyat le 14 décembre 1882. Il fut ordonné prêtre le 10 juillet 1908, et après trois ans passés comme vicaire instituteur à Mendon, il fut nommé, en 1911, vicaire à Ménéac.

Mobilisé comme infirmier, il est mort au Champ d’honneur le 23 octobre 1916.

Pour faire revivre la figure de notre camarade, et donner quelques détails sur sa mort glorieuse, nous ne pouvons mieux faire que de citer cette lettre écrite à Mer Gouraud par un prêtre vannetais, compagnon d’armes du cher défunt. L’abbé Simon y est peint d’après nature, avec cette grande bonté, et cette piété si vive que reconnaissaient au glorieux disparu tous ceux qui l’ont approché :

Monseigneur,

Vous connaissez déjà par la lettre de M. l’aumônier divisionnaire la mort de M. l’abbé Simon, vicaire à Ménéac. Toutefois, en qualité de condisciple et de frère d’armes, je tiens, pour l’édification de tous, à vous donner quelques détails sur sa vie aux armées.

M. l’abbé SIMON était, depuis le début des hostilités, incorporé au groupe des brancardiers de la … Division. Il prit part comme tel à toutes les attaques du … Corps, sans compter celles où l’on exigeait le concours du groupe comme renfort. Il connut la Somme, la Champagne et deux fois Verdun. C’était la troisième fois qu’il travaillait dans l’Aisne. Sa Croix de guerre devait être enfin la récompense du devoir joyeusement et intégralement accompli.

Hélas ! c’était le 28 octobre ! Finie la relève des blessés, finie la sépulture des morts, heureusement peu nombreux, après quatre nuits et quatre jours de fatigue, M. Simon, obtint de se reposer pendant vingt-quatre heures. Le lendemain, il fut désigné pour monter au fort de la Malmaison. Il paraissait bien fatigué et un peu triste. Je le consolai en lui apprenant que le service du fort était bien simplifié : plus ou presque pas de blessés.

Il m’esquissa un sourire, et parut content. Le poste de secours installé au fort n’offrait aucune garantie de sécurité. A peine M. Simon y était-il arrivé, qu’un obus de rupture allemand s’abattit à la porte de la salle, et, se brisant violemment, déchargea ses éclats nombreux dans l’appartement, tuant dix hommes et en blessant le double.

J’appris la catastrophe quelques heures plus tard.

Mon cœur battait, car sur les quatorze hommes du groupe, on annonçait cinq morts et six blessés. La tristesse me gagna lorsque j’appris que mon cher confrère était au nombre des victimes. C’était le 29 octobre, à une heure environ de l’après-midi.

Le lendemain matin, je remontai pour aider à descendre les chers camarades tombés. Je rencontrai en chemin le convoi de la première victime. J’arrêtai les brancardiers, et, soulevant la toile de tente qui recouvrait le mort, je reconnus mon brave confrère, jambe gauche brisée, pied droit coupé, et un éclat à l’épaule qui le traversa de part en part. La mort avait été instantanée.

M. l’abbé Simon était le type du soldat modèle, accomplissant en silence les devoirs les plus périlleux. Il avait avec ses camarades des relations franches. Il possédait surtout les deux qualités qui font aimer et estimer un homme : la simplicité qui plait, et la bonté qui attire. Il avait tant de charme dans ses rapports avec ses camarades, et il mettait tant d’onction dans ses paroles, qu’il gagnait l’affection de tous ceux qui l’approchaient. Tous l’appelaient le bon M. Simon.

Il avait toutefois dans le groupe ses amis préférés :

C’étaient ses confrères, et un petit cercle de bons enfants, qui lui rappelaient, disait-il, les bonnes âmes de Mendon et de Ménéac. Jamais il ne passait un jour sans les approcher, leur demander les plus petits détails de leur vie, les nouvelles de leur famille. Il les tenait au courant du service religieux, rares étaient ceux qui ne se rendaient pas à son appel.

Pour eux il recevait la petite revue Frères d’Armes, qui circulait dans le petit groupe à la manière des Annales de saint François de Sales. Oh ! le bien que cette petite revue faisait ! Pour ses confrères, il possédait la Revue hebdomadaire, dont chacun faisait son profit.

Cette simplicité et cette bonté naturelles avaient leur foyer dans la piété profonde de M. Simon. Son plus grand bonheur était de célébrer la sainte Messe. Je la lui répondais, et je puis dire qu’il la disait avec la même ferveur que les messes des premiers jours de son ordination.

Le sacrifice célébré, il rentrait au cantonnement, et, si le service ne l’y retenait pas, il s’écartait à quelques centaines de mètres, pour se livrer dans le silence à la prière et à la méditation. Il aimait à réciter l’office.

Il lui tardait, après la messe du matin, de continuer son tête-à-tête avec Dieu dans la méditation.

Cela suffit, Monseigneur, pour votre consolation et celle des paroissiens qui ont connu ce bon prêtre. Je tiens à dire que M. Simon est mort en prédestiné, son livre de prière à la main, les yeux ouverts et regardant le ciel.