Correspondances de poilus 1914-1918

D.P. Lettre du 12 décembre 1916

Désiré à ses parents
à Mauron
12/12/1916

Chers parents,

Je vous écris deux mots pour vous donner de mes nouvelles qui sont très bonnes pour le moment et je pense que vous êtes de même et pour vous demander si votre petite santé roule toujours comme à l'habitude. Je pense que oui. Je va vous dire que l'on est parti de Zégers Cappel le 5 au matin. L'on a marché toute la journée, l'on a passé par Saint Omer et l(on a couché à Ecques. Je n'ai jamais eu si froid comme en ce jour la. Il a tombé de la neige fondue toute la journée. L'on avait les pieds gelés; l'on est reparti la matin 6. L'on a été jusqu'à Piermont ; l'on est resté le 7 et le 8 au soir. L'on est parti à Guinecourt, l'on a resté le 9,10,11 et le 12. L'on est reparti à 2 kilomètres de Guinecourt; voilà un mois que l'on est au repos. L'on est à 8 kilomètres de Saint Pol dans le Pas de Calais. Je vous dirai aussi que si vous pouviez m'envoyer quelques sous; je serai content parce que l'on a été un moment, l'on touchait de la viande d'Amérique que l'on ne pouvait pas manger. L'on a été obligé d'acheter ce que l'on trouvait. Je vous dirai que Pelhan est toujours en bonne santé parce qu'il a une bande de cons qui avait dit à son père qu'il était à Dunkerque à l'hôpital; c'est des menteries; il n'est pas plus malade que moi. Ce que je ne suis content avec vous, c'est que vous m'avez dit que louis Chamin était mort et son frère désiré; que Léon était blessé et Eugène était prisonnier et Joseph Chevalier, Henri Eon et bien d'autres que vous me dites pas qui sont tués. je ne connais plus rien à vous dire pour le moment. Je finis en vous souhaitant le bonjour. Si vous vous décidiez à m'envoyer quelques sous ; vous n'avez qu'à m'envoyer des chaussettes mais pas d'autres effets; j'en ai bien assez; j'ai deux gilets de laine. votre fils qui vous aime et qui pense à vous.
Désiré Pambouc, 1er dragon, 3e escadron, 9e division.