Je vous écris aussitôt que j'ai reçu votre lettre; très content de vous savoir en bonne santé, tant qu'à moi, je me porte très bien aussi et pour vous dire que j'ai reçu vos cinq francs, je vous remercie beaucoup. Je vous avais demandé un colis parce que je savais que je devais retourner aux tranchées. Je peux vous dire que j'y va demain; si vous pouvez m'en envoyer; je serai content parce que bien souvent, l'on est mal nourri. Envoyez moi du beurre, des chaussettes et du papier à lettre, j'en ai pas besoin. Voilà le beau temps qui vient dire merci; l'on aura pas besoin de tout cela. Chers parents, je savais que vous ne vouliez pas me le dire que mon frère était mort mais je l'ai su par une jeune fille qui me l'a écrit et qui m'a bien surpris en m'annonçant ça parce que j'étais bien loin d'y penser et elle m'avait bien dit que c'était à Mamiges qu'il était enterré. Je reçois très bien vos lettres . Elle est datée du 26 et je la reçois le 30. Je vous écris aussitôt mais là, j'ai la date du 31 parce qu'elle ne part que demain. Vous me dites que mon oncle me souhaite le bonjour; vous le remercierez bien et vous lui en souhaiterez un de ma part ainsi qu'à ma cousine du Haut de la Halle et à la femme à Tonton. J'espère que c'est la dernière fois que l'on va aux tranchées pour un moment. Après, l'on va faire des classes à pied, classes à cheval; toujours des conneries comme les bleus lorsqu'ils arrivent au quartier mais l'on s'en fout. L'on est vieux dans le métier; presque trois ans; l'on sait ce que c'est. j'ai été par un moment; je faisais un peu de service mais en ce moment, je suis Jean m'en fout; j'en fout; juste pour ne pas me faire mal voir; Enfin, je finis en vous embrassant de bien loin; au plaisir de le faire de plus près. Votre fils qui pense toujours à vous. N'oubliez pas mon colis si vous pouvez. Désiré Pambouc.
