à Mauron
Désiré à ses parents
17/01/1916
Bien chers parents,
Je vous écris deux mots; toujours heureux de recevoir de vos nouvelles que vous me dites qu'elles sont assez bonnes. Je suis très content; tant qu'à moi, je me porte très bien aussi à par la boue; ça va . l'on en a jusqu'au milieu de la jambe. je n'ai pas besoin de vous en dire plus long. Je pense que vous saurez là où je suis. Chers parents, je n'ai pas encore reçu de nouvelles de Eugène mais je va lui écrire aujourd'hui et aussitôt qu'il m'aura répondu, je vous le dirai. je vous remercie d'avoir eu la bonté de souhaiter le bonjour aux voisins de ma part. je va vous dire aussi que la carte qui était dans la lettre; j'ai bien reconnu Mathurin Salmon, ses deux filles et les deux petits aussi que … et Désiré Rocheron, elle qui était tout près du poteau indicateur. je pense que c'est institutrice. je vous assure que si vous êtes comme moi, vous ne vous faites pas de bile parce que je ne m'en suis jamais fait; ça serait le premier coup; moi, j'aime mieux fumer une bonne pipe que de m'en faire et je pense que j'aie raison. Vous me demandez si j'ai trouvé les bouteilles bonnes ou surtout que j'avais soif un peu après ainsi que l'andouille, la saucisse et le beurre. je vous remercie infiniment mais vous ne m'avez pas dit jusqu'où que vous avez venu avec moi le jour que j'ai parti. j'étais tellement noir que je me rappelle pas mais j'ai bien fait tant que j'y étais. vous croyez que j'ai perdu la pièce de 20 sous, mais non, on y fait toujours attention comme l'on dit des fois à sa femme. Pelhan m'a écrit hier me disant qu'il en avait encore pour un moment à l'hôpital; mais il pense avoir une convalescence après et il m'a dit tellement qu'il était content s'il s'en allait. Qu'il aurait été vous voir parce que sa mère lui a dit que j'avais été deux fois chez eux; enfin, c'est tout ce que je connais. Votre fils qui vous aime et qui pense à vous pour la vie.
Désiré Pambouc