Correspondances de poilus 1914-1918

D.P. Lettre du 9 avril 1915

Désiré à ses parents
Secteur postal N°65 à Mauron
09/04/1915

Bien chers parents,

Je vous écris deux mots pour vous dire que je suis en bonne santé et je pense que ma lettre vous trouvera ainsi qu’elle me quitte. L’on a pris les tranchées le jour de Pâques. L’on a été trois jours en première ligne et maintenant, l’on est en 2eme pour 6 jours. L’on va retourner en 1ere ligne pour trois autres jours. l’on est à 80 mètres des boches. L’on est dans la boue jusqu’au genoux. Il tombe de la pluie tous les jours; il faut espérer que ça va durer bien longtemps. Aujourd’hui, l’on s’est fait photographier avec le capitaine, tout l’escadron. Il a promit de nous en donner une à chaque si elles sont bien faites. Moi, j’en ai; je les enverrai en arrivant à Compiègne. Je va en envoyer une à vous, l’autre à Eugène, l’autre à mon parrain et si vous voulez que je n’envoie à d’autres, vous me le direz dans votre lettre que vous m’enverrez. L’on ma dit qu’il y avait eu encore des enterrements il y a pas longtemps du bourg. Je ne vois plus autre chose à vous dire pour le moment. je finis en vous embrassant de bien loin. Votre fils qui vous aime et qui pense à vous. Vous souhaiterez le bonjour aux amis pour moi. L’on ne se fait pas de bile. L’on mène une vie comme si l’on serait à une noce.
L’on chante, l’on fume ; moi pour une vingtaine de jours que l’on a passé; j’ai porté six paquets de tabac pour moi seul et l’on en a encore touché. Au revoir, à la prochaine causerie.
Désiré Pambouc