Correspondances de poilus 1914-1918

D.P. Lettre du 8 mai 1915


Désiré à ses parents
à Mauron
08/05/1915


Bien chers parents,

Je vous écris deux mots pour vous donner de mes nouvelles qui sont très bonnes pour le moment et je désire que ma petite lettre vous trouve ainsi. vous me dites que Eugène se porte pas très bien et qu’il y a trois nantais qui lui payent à boire et à manger. Il m’a écrit aujourd’hui; c’était la deuxième lettre que je lui avais envoyé; il me dit qu’il faut l’excuser parce qu’il est obligé de faire de temps en temps le caporal; il me dit qu’il ne parle plus de les envoyer dans le midi. Il en part, mais ce sont des anciens, il a plus de chance que nous. Il dit que les gens du pays arrangent leurs chaussettes pour rien et qu’ils ont l’encre et le papier à lettre pour rien. Il dit qu’il est grand ami avec son caporal. Il l’a choisi pour rester avec lui avec deux ou trois et il le mène à la cantine mais il ne veut pas qu’il paye. Il me dit qu’il a été vacciné pour la 3e fois et qu’il a été malade comme un cheval et il doit y être encore une fois. Je le sais ce que c’est. J’ai été 4 fois aussi; moi, le 1er coup, j’ai tombé la gueule par terre; lui, Eugène, il dit qu’il est l’homme de jus tous les matins. Vous me dites que vous êtes content d’avoir eu mon portrait mais l’autre est pour mon parrain du rox. Vous lui la donnerez. J’ai reçu vos dix francs; je vous en remercie beaucoup. J’ai envoyé une photo à Ange Guillotin et je pense qu’il va me récompenser. Je ne connais plus rien à vous dire pour le moment. Je finis en vous embrassant de grand coeur. Votre fils qui vous aime et qui pense à vous.
Désiré Pambouc, 1er dragon, 3e escadron, secteur postal N°65.