Armand Désiré Marie GUILLON
Mort pour la France le 30-06-1915 (Seddul Bahr, Turquie) à l’âge de 20 ans
Né(e) le en 1895 à Saint-Brieuc-de-Mauron (56 – Morbihan, France)
Grade : soldat
Unité : 7e régiment mixte colonial (7e RMC)
Classe1915
Bureau de recrutement Vannes (56)
Matricule au recrutement 1892
Mention Mort pour la France
Lieu de transcription du décès Saint-Brieuc-de-Mauron (56 – Morbihan, France)
Source Service historique de la Défense, Caen
Parcours de guerre d’Armand GUILLON
Cote du registre : r_2311
N° de matricule : 1893
Niveau d’instruction : 2
Bureau de recrutement : Vannes
Lieu de naissance : Saint-Brieuc-de-Mauron
Département de naissance : Morbihan
Date de naissance : 1895-07-18
Résidence : Saint-Brieuc-de-Mauron
Département de résidence : Morbihan
Profession : maçon
Seddul-Bahr regroupe les restes d’environs 15 000 hommes. Parmi eux, seuls 2 340 ont pu être identifiés.
Le cimetière français de Seddul-Bahr, en Turquie, a été inauguré en 1930. Il y en avait quatre à l’origine, avant que tous les corps ne soient rassemblés à cet endroit.
Un fiasco franco-britannique
Ces poilus sont tombés très loin de chez eux, lors de combats qui opposèrent dans cette région des Dardanelles, en Turquie, les forces franco-britanniques à celles de l’Empire Ottoman, allié de l’Allemagne. Cette expédition est initiée en mars 1915 par Winston Churchill, pour prendre le contrôle du détroit, un passage maritime convoité menant à la mer Noire, et ainsi ravitaillé la Russie. L’opération vire au carnage.
Pendant neuf mois, les 79 000 soldats du corps expéditionnaire français vont connaître des souffrances terribles dans cette région surnommée à l’époque le « cul-de-sac de la mort » par le reporter de guerre Albert Londres.
L’environnement y est particulièrement hostile, du fait d’un relief difficile constitué de massifs rocheux et d’une chaleur écrasante durant l’été. Les « Dardas », affaiblis par de nombreuses maladies, sont immobilisés sur des bouts de plage à la merci des tirs des Ottomans regroupés sur les hauteurs.
Très vite, les Alliés prennent conscience du désastre et cherchent une porte de sortie. « Il y a eu
une sous-estimation de l’ennemi alors qu’on savait pourtant que depuis plusieurs années des
officiers allemands encadraient l’armée turque. On pensait encore que les Ottomans étaient mal
équipés et qu’ils étaient particulièrement rustiques », résume le lieutenant-colonel Max Schiavon,
auteur du « Front d’Orient ». « Ensuite, cela a été très mal préparé que ce soit au niveau maritime ou
terrestre. Tout était à l’avenant. On ne savait même pas comment débarquer. On a mis une
dizaine de chaloupes derrière des petits remorqueurs et les soldats se sont heurtés à des
falaises dès leur arrivée. Il n’y avait rien pour les nourrir et pour les faire boire. C’était vraiment du
grand n’importe quoi ».
Du côté Français, l’idée émerge d’ouvrir un autre front un peu plus au Nord et d’ainsi aider les
troupes serbes alors écrasées par les armées austro-hongroises. À partir de la mi-décembre, les
soldats du détroit réembarquent en direction de Salonique en Grèce. « Alors que presque tout
avait été mal organisé, la fuite a été un succès magnifique ! », souligne avec ironie Max Schiavon.
« Ils ont réussi à organiser des manœuvres de diversion. Des détachements vont faire beaucoup
de bruit pour faire en sorte que l’ennemi pense que les lignes sont encore occupées. Ils vont
aussi placer des mines ou piéger des boîtes de conserve. Quand les Turcs vont enfin se rendre
compte que les Franco-Britanniques sont en train de rembarquer, ils n’auront pas assez de temps
pour les rattraper ».
Un manque de reconnaissance
Le supplice des poilus des Dardanelles n’est pas pour autant terminé. Sur le front d’Orient, ils vont
aussi vivre des heures éprouvantes, certains jusqu’à la toute fin du conflit. À leur retour, leur
histoire n’intéresse pas grand monde par rapport à ce qu’on vécu les héros de Verdun ou du
Chemin des Dames. Alors que dans les pays de l’ancien Empire britannique, cette expédition
reste gravée dans les mémoires, du côté tricolore, elle est tombée aux oubliettes. Pour Madeleine Stocanne, présidente de l’Association nationale pour le souvenir des Dardanelles, la France a choisi après-guerre de privilégier la mémoire du front occidental. « Dans les Dardanelles, le théâtre des opérations se trouvait à près de 3 000 km, sur un sol étranger, alors que dans le même temps on se battait sur le sol français où la patrie était menacée, ce qui n’a pas été le cas pour les Britanniques », explique cette ancienne avocate dont le père a combattu en Turquie.
Le voile jeté sur cet épisode français de la Grande Guerre n’est pas sans conséquences sur les
« Dardas », comme l’a constaté Max Schiavon : « La Poste va émettre des timbres sur les différentes
batailles, mais rien sur les Dardanelles. En France, il n’y a qu’un seul monument pour les poilus
d’Orient. Il se trouve à Marseille ». Dans quelques familles, leur souvenir est pourtant resté intact.
Source : France 24
Carte sur le front d’Orient
Guerre de 14-18. La saignée bretonne
La Première Guerre mondiale se termine le 11 novembre 1918 sur un bilan humain effrayant. En Bretagne, région rurale où la quasi-totalité des hommes a été mobilisée, on dénombre près de 150.000 morts, sur une population de trois millions d’habitants. 14-18 reste un traumatisme pour une société encore rurale
qui connaîtra ensuite de profonds bouleversements.
En août 1914, le tocsin résonne sinistrement dans les campagnes bretonnes. La guerre est déclarée, après un enchaînement d’alliances et de déclarations de guerre touchant toute l’Europe, à la suite de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand d’Autriche, à Sarajevo. Des milliers de Bretons, en grande majorité paysans, rejoignent leurs régiments. Quel est leur état d’esprit ? L’envie d’en découdre avec
les Allemands et prendre une revanche sur 1870, comme le montrent les photos de propagande ? Ou, plus vraisemblablement, la résignation et une sourde crainte devant un conflit qu’on espère très court ? Comme partout en France, les Bretons ont été conditionnés pour se battre, notamment à l’école. Dans toutes les grandes villes, on compte ainsi des bataillons scolaires, véritables usines d’enfants soldats. La
propagande déshumanise l’ennemi. Mais si le patriotisme de la majorité des Bretons ne peut être mis en doute, on devine aussi les angoisses profondes des pères de famille qui revêtent l’uniforme ou des jeunes gens qui quittent pour la première fois leur pays.
350.000 Bretons mobilisés
Dès le 5 août 1914, les premiers convois de soldats quittent la Bretagne. 350.000 Bretons seront mobilisés. Réputés endurants et combatifs, les régiments bretons seront de toutes les grandes batailles, et versent un lourd tribut. Enmars1915, on trouve un grand nombre de Bretons, notamment de marins, dans l’expédition des Dardanelles, décidée par un président du conseil lui-même originaire de la péninsule
: Aristide Briand. Les alliés français et britanniques veulent mettre les Turcs à genoux. C’est un désastre militaire, avec particulièrement, la perte du cuirassé le Bouvet sur lequel servent de nombreux Bretons. Ils combattent également dans les fusiliers marins qui s’illustrent à Diksmuide, en Flandre. Leur sacrifice, en 1915, permet aux alliés de stopper les Allemands sur les bords de la Manche. L’académicien Charles Le Goffic, d’origine trégorroise, en tirera un roman poignant. Le front ne bougera guère ensuite. Ce sont enfin, toujours en 1915, des régiments des Côtes-du-Nord qui font, les premiers, l’atroce expérience des gaz de combat. Des milliers y laissent la vie.
L’enfer de Verdun
En 1915, les armées s’enterrent. La guerre des tranchées débute, avec ses escarmouches quotidiennes et ses grandes offensives meurtrières. À partir de février1916, plusieurs régiments bretons vont ainsi être décimés dans l’enfer de Verdun. Le 21février, 1.200 canons allemands se déchaînent sur cette ville. La
bataille va durer près de 300 jours et va provoquer la mort de 700.000 soldats, (370.000 côté français, 330.000chez les Allemands). Un sacrifice qui ne débouche sur rien : les Français ont tenu, les gains territoriaux allemands sont dérisoires. La 22e division, composée de régiments venant de Brest, Lorient,
Quimper et Vannes, a particulièrement souffert. Plus tard, le Premier ministre britannique, d’origine galloise, Lloyd George, fait remarquer : « Vos Bretons se sont bien battus à Verdun», à son homologue français, Aristide Briand qui a cette réplique : «C’est peut-être parce qu’ils croyaient se battre contre des Anglais!».
Traumatisme et changement
Pendant quatre ans, plusieurs centaines de milliers de Bretons vont combattre sur tous les fronts, même les plus lointains comme ceux des Balkans, des combats racontés par le prix Goncourt de Roger Vercel dans «Capitaine Conan». 150.000 y laissent la vie, soit 4,6 % de la population bretonne. Des dizaines de milliers en reviennent blessés dans leurs chairs ou dans leurs âmes. Des psychiatres ont ainsi mis en évidence le fort développement du suicide et de l’alcoolisme chez les anciens combattants de la Première Guerre mondiale. En Basse-Bretagne, région presque totalement bretonnante au début du XXe siècle, la Première Guerre mondiale marque le début d’un changement linguistique. Nombre de poilus se sont familiarisés avec le français dans les tranchées. Ils reviennent aussi dans leurs foyers avec de nouveaux loisirs, notamment le football, pratiqué lors des périodes de repos et qui connaîtra un bel essor en Bretagne. La société traditionnelle et rurale bretonne est profondément marquée par un conflit qui annonce son déclin.
De nouveaux modes de vie vont s’introduire dans une péninsule où la main-d’œuvre est désormais moins abondante et où l’agriculture commence à se moderniser. À tous les points de vue, la Première Guerre mondiale marque une césure importante dans l’histoire de la Bretagne contemporaine.