J’attendais que j’eue débouché une de vos bonnes bouteilles at que j’eus fait gouter son contenu aux amis pour vous récrire de nouveau : je puis vous dire que tous l’ont trouvé épatant. L’un d’eux disait « Je voudrais en avoir 200 bouteilles de ce calibre ! » L’autre aurait voulu en avoir 1 litre tous les jours.
Je garde le 2ème litre pour en faire goûter mon cousin. Il est venu un détachement de Saint Renan, ils étaient 130. Ils sont arrivés d’hier et ils sont au Parc. Parmi eux sont Lucas de Guilheude, Robin de Concoret et d’autres. Mon cousin est resté à Saint Renan.
Au moment où je vous écris, aujourd’hui, je suis de chambre. Les arrivés d’hier, viennent par groupes se faire habiller où je suis. Quelques-uns ont l’air un peu perdu.
Presque tous les matins je coupe à l’exercice en allant en corvée à Fautras, j’aime mieux. Et pourtant ! Hier après-midi, l’exercice est réduit à 3 heures de sommeil et 1 heure à courir en rond, on nous prend pour des gosses.
Éric de Concoret croit aller en perm pour dimanche. S’il y va, je tâcherai de lui remettre ma chemise de laine et mon veston que j’oubliai d’emporter. Je lui dirai de les remettre chez Pambouc puisqu’il ira chez le perruquier Guillard.
Je suis mal foutu mais ce qui me console c’est qu’ici l’on n’est point embêté et que j’ai beaucoup d’amis et puis… qu’il fait beau temps. Je vous envoie cette petite carte qui vous donnera une idée de notre chambre à coucher et à marger. Nous sommes en train de faire les paillasses, on ne m’y voit pas et pourtant j’y étais. Un autre a dû me voiler avec sa tête.
Nous avons pendu un Guillaume II articulé à l’un de nos becs de gaz au moyen d’une ficelle, nous lui faisons faire mille grimaces.
Tous les ouvriers connaisseurs pour faire des munitions vont être envoyés aux usines.
Bonjour à tout le Pont, Ruelland, au Coudrais, Mathuaux ! au Rox ! à Marraine ! à Parrain. Je n’ai pas besoin de vous dire que je vous aime.
PS : Aucune demande de perm pour la moisson, je ne sais pas si ça prendra.